De la Criminalisation des Données à l’Abolition de la Prison

La surveillance signifie le contrôle social en temps réel. La criminalisation des données est souvent créée par la surveillance: l’observation non autorisée des individus et des communautés par des entités étatiques, privées, ou académiques qui détiennent le pouvoir de produire du sens à partir de, d’exercer un contrôle sur, d’exploiter ou de tirer profit d’une population observée.

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Une machine énorme et sinistre, qui rappelle une chaudière industrielle rouillée, d’où émergent tuyaux, canalisations et systèmes de ventilation. Des drones et autres dispositifs de surveillances planent au dessus de la machine. Sous la machine se trouve un système tortueux de tuyaux et de câbles. Des gens sont en train de démanteler ces tuyaux et ces câbles. Au bas de l’image, une foule gigantesque de manifestants émerge d’en dessous la machine, et brandit des banderoles sur lesquelles on peut lire: ‘Désinvestir la Surveillance' et ‘L'Abolition Maintenant'.

La criminalisation des données décrit

La criminalisation des données décrit la création, l’archivage, le vol, la revente et l’analyse de données prétendument objectives que les tribunaux et la police utilisent pour caractériser certaines personnes comme dangereuses et “à risque”, caractérisation basée sur des informations créés par et extraites de sources étatiques et commerciales.

Ces données criminalisantes sont souvent créés par la surveillance. La surveillance est l’observation non autorisée des individus et des communautés par des entités étatiques, privées, ou académiques qui détiennent le pouvoir de produire du sens à partir de, d’exercer un contrôle sur, d’exploiter ou de tirer profit d’une population observée.

La surveillance est une intervention active sous forme de prédiction des comportements dans le but de les modifier; c’est le contrôle social en temps réel

La surveillance est une intervention active sous forme de prédiction des comportements dans le but de les modifier; c’est le contrôle social en temps réel. De tous temps, les discours criminalisants se sont appuyés sur des concepts pseudo-scientifiques prétendument confirmés par des données factuelles, pour justifier la déshumanisation, la punition collective, le contrôle social et l’enregistrement des caractéristiques biométriques d’individus et de groupes ciblés par l’état. Le déploiement de concepts tels que “dégénérescence mentale”, “dépravation des valeurs familiales et morales”, “criminalité”, et “haut-risque”, s’inscrit dans cette tradition.

Avoir un antécédent judiciaire est la conséquence matérielle de décennies de contrôle policier raciste et de politiques qui préconisent l’incarcération de masse. Aujourd’hui, des outils technocratiques prisés, tels que les algorithmes prédictifs, les logiciels de cartographie relationnelle et d’indexation des données permettent la “résurrection” des arrestations existantes et de celles à venir et l’exploitation intégrale de ces antécédents, tout cela à travers l’utilisation de données abstraites et “épurées”.

Ces processus techniques qui ciblent et “évaluent” les migrants sont conçus de façon à garantir qu’une personne criminalisée par le passé continuera d’être criminalisée à l’avenir, même si elle n’enfreint aucune loi.

Ces processus techniques qui ciblent et “évaluent” les migrants sont conçus de façon à garantir qu’une personne criminalisée par le passé continuera d’être criminalisée à l’avenir, même si elle n’enfreint aucune loi. De plus, la surveillance des migrants est automatisée de sorte que toute personne née hors des Etats-Unis demeure suspecte à jamais.

Ce projet expose un point de vue abolitionniste sur l’exploitation des données et leur criminalisation, parce que les données sont utilisées depuis fort longtemps par le système de justice pénale afin de justifier le besoin et la légitimité du système de

Ce projet expose un point de vue abolitionniste sur l’exploitation des données et leur criminalisation, parce que les données sont utilisées depuis fort longtemps par le système de justice pénale afin de justifier le besoin et la légitimité du système de justice pénale. Tandis que les entreprises et les gouvernements sont de plus en plus épris des outils de prédiction et de la saisie biométrique, on observe que les stratégies de criminalisation des données utilisées pour traquer immigrants et voyageurs s’immiscent de plus en plus dans des espaces actuellement non-criminalisés, ce qui élargit le champs des possibles quant aux personnes soumises à la surveillance et au contrôle.

Nous devons être prêts à combattre la criminalisation des données comme nous l’entendons.

Nous devons être prêts à combattre la criminalisation des données comme nous l’entendons. Ce rapport et projet fournit un cadre d’action pour rejeter et dénaturaliser les procédures judiciaires pénales et les catégorisations criminelles, le contrôle et la “sécuritisation” des frontières, la saisie d’identité et les régimes d’immatriculation des personnes, et les pratiques de prédiction et de catégorisation fondées sur des données personnelles exploitées pour justifier la punition et l’exclusion sociale.

Plutôt que de se laisser entrainer dans des débats sur ce qui constitue un “risque”, sur le choix entre limiter les technologies ou améliorer la supervision et l’exactitude des ensembles de données, il nous faut comprendre que ces ensembles de données sont intrinsèquement illicites, et que leur création et leur exploitation devraient être abolies. Nous proposons le cadre de réflexion tel que défini par l’organisation “Nos Corps-Données” —à savoir qu’en cette ère numérique, les données qui nous concernent, ou celles que nous créons nous-mêmes, sont indissociables de nous-mêmes, elles sont “nous”. Nos données biométriques ne sont pas disponibles en tant que matériau brut à des fins d’exploitation, ni pour l’achat ou la revente.

Il est temps d’organiser un nouveau mouvement de masse afin de démanteler la criminalisation sur le chemin vers l’abolition.

Il est temps d’organiser un nouveau mouvement de masse afin de démanteler la criminalisation sur le chemin vers l’abolition.

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